Au Botswana, en quête des origines de l’humanité
Le géomorphologue Laurent Bruxelles poursuit une quête de longue haleine : retrouver des fossiles d’hominines anciens, autrement dit de nos plus vieux ancêtres, dans les grottes d’Afrique australe. Pour le chercheur CNRS au laboratoire Travaux et Recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés1 , il n’y a pas de doute : l’Afrique dans sa quasi-totalité est le berceau de l’humanité, et de nombreux fossiles restent encore à découvrir. Avec une équipe de scientifiques français et botswanais, il s’est rendu dans les Aha Hills, à la frontière entre Botswana et Namibie. Récit.
Cet article a été initialement publié dans le n° 12 de la revue Carnets de science
#1 – 21 novembre – En route à travers le bush
17 heures. Notre convoi de 4x4 suit depuis plus de trois heures la longue piste sableuse qui s’étire vers l’ouest, en direction de la frontière namibienne. Des panaches de poussière s’élèvent de chaque véhicule, éclairés par la lumière rougeâtre de cette fin de journée. Nous sommes encore loin du camp, mais il faut que nous arrivions avant la nuit. Il n’est pas prudent de circuler dans l’obscurité car la faune, ici, est abondante. Pas question de percuter un animal ou, tout simplement, de prendre le risque de tomber en panne et de devoir sortir des véhicules pour des réparations de nuit.
Nous avons atterri ce matin même à Maun, une ville située dans le centre du Botswana. Récupérer les véhicules 4X4, faire les courses pour les deux semaines que va durer la mission : la matinée a été chargée, ne nous permettant pas de partir avant le début d’après-midi. À bord du convoi, nous sommes huit chercheurs français, paléontologues, archéologues, géologues spécialistes des analyses d’images satellitaires et, bien sûr, géomorphologues et karstologues capables d’étudier les terrains calcaires où se forment les grottes que nous allons explorer dans le cadre de notre mission : « Human Origins in Botswana: Karst Research Program ». Dans nos bagages, nous emportons des images satellites, des drones, du matériel pour étudier les vestiges paléontologiques, mais aussi beaucoup d’équipement de marche et de spéléologie, car l’objectif est de travailler sur et sous le sol, aussi loin que nous pourrons mener nos explorations.
19 heures. Nous arrivons juste avant la nuit noire à notre campement de Gcwihaba Hills, où nous retrouvons nos collègues botswanais qui ont préparé le camp de base, un luxe tout nouveau pour nous ! Il ne nous reste plus qu’à déplier les tentes fixées sur le toit des 4x4. Pas question de dormir au sol par ici, car c’est la nuit que les animaux chassent ou tout simplement se déplacent, ce qui est à considérer dans le cas des éléphants par exemple…
- 1TRACES - CNRS / Ministère de la culture / UT2J