La mixité à prôner dans les forêts
Diversifier les espèces dans les plantations forestières a un impact positif sur la qualité des boisements. C’est le résultat d’une étude internationale parue le 20 mai 2022 dans le journal Science impliquant Michel Loreau, chercheur CNRS rattaché à la Station d'écologie théorique et expérimentale1 . Des plantations forestières mélangeant plusieurs espèces différentes sont utilisées depuis longtemps pour certaines opérations de reboisement, dans l'espoir de restaurer les terres dégradées, d’atténuer le changement climatique et de fournir une meilleure production de bois. Mais jusqu’à maintenant, aucune étude n’avait prouvé l’efficacité de ce procédé.
L’équipe internationale a rassemblé un large éventail de données2 sur des plantations forestières comprenant soit une seule espèce (monoculture), soit plusieurs espèces dans les mêmes conditions afin d'évaluer l'impact de la diversité des espèces d’arbres sur leur croissance et leur productivité. Selon les résultats de leur analyse, les arbres des peuplements multi-espèces sont plus grands, plus larges et produisent plus de biomasse3 . Ces effets positifs sont principalement dus à la complémentarité fonctionnelle entre espèces, c’est-à-dire que les espèces n’utilisent pas les ressources d’un milieu exactement de la même manière : ensemble, elles les utilisent plus et mieux. Cette étude démontre l’importance de prendre en compte les multiples avantages des plantations forestières mélangées dans l’élaboration des politiques de boisement et de reboisement. De telles stratégies sont capitales pour restaurer et conserver les écosystèmes et atténuer le changement climatique.
Multi-species forest plantations outyield monocultures across a broad range of conditions. Yuhao Feng, Bernhard Schmid, Michel Loreau, David I. Forrester, Songlin Fei, Jianxiao Zhu, Zhiyao Tang, Jiangling Zhu, Pubin Hong, Chengjun Ji, Yue Shi, Haojie Su, Xinyu Xiong, Jian Xiao, Shaopeng Wang, Jingyun Fang. Science, le 20 mai 2022. DOI : doi/10.1126/science.abm6363
- 1SETE - CNRS
- 2Ces données proviennent de 255 sites répartis sur tous les continents et portent sur 243 espèces d'arbres issus de plantations variant par leur densité et leurs conditions climatiques.
- 3Dans le domaine de l'écologie, la biomasse se réfère à la masse totale des organismes vivants, ici les arbres, présents à un moment donné.