L’énigme de l’origine de la première croûte terrestre enfin résolue

Résultats scientifiques Terre & Univers
Il y a environ 4,5 milliards d'années, un océan d'eau liquide a altéré la croûte primitive de la Terre. Les magmas issus de protovolcans ou formés de l'impact de bolides ont interagi avec cette croûte pour produire la première croûte felsique de la Terre. © Anastassia Borisova
Il y a environ 4,5 milliards d'années, un océan d'eau liquide a altéré la croûte primitive de la Terre. Les magmas issus de protovolcans ou formés de l'impact de bolides ont interagi avec cette croûte pour produire la première croûte felsique de la Terre. © Anastassia Borisova

Quand et comment la première croûte terrestre s'est formée sont des questions que les scientifiques se posent depuis des décennies. Malheureusement, une poignée de zircons microscopiques sont les seuls vestiges de l'éon Hadéen, les 500 premiers millions d'années de l'existence de la Terre. Ces minéraux accessoires ne se trouvent que dans les roches felsiques de quelques endroits du monde comme à Jack Hills en Australie. En l'absence de roches crustales primitives, les scientifiques  ont dû élaborer leurs hypothèses à partir de données expérimentales. Dans une nouvelle étude, une équipe internationale composée notamment de scientifiques du laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET/OMP - CNRS, CNES, IRD, Université Toulouse III  -Paul Sabatier) et de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP/OMP - CNRS, CNES, Université Toulouse III - Paul Sabatier), propose que la formation d'une telle croûte précoce implique la fusion partielle de péridotite hydratée interagissant avec des liquides basaltiques à basse pression (< 10 km). Iels utilisent des modélisations thermodynamique et géochimique pour vérifier si les liquides felsiques expérimentaux peuvent cristalliser des zircons de type Jack Hills. Les températures de saturation du zircon prédites à moins de 750 °C, les teneurs modélisées en Th, U, Nb, Hf, Y et en éléments de terres rares, ainsi que les signatures δ18O et l'assemblage des minéraux co-cristallisants appuient cette hypothèse. Ce travail publié dans la revue Geology, démontre que la génération de magma felsique à faible profondeur, impliquant une protocroûte ultramafique primordiale altérée et des intrusions basaltiques locales, est un mécanisme viable pour la formation de la croûte felsique sur la Terre primitive.

Contact

Anastassia Borisova
Chercheuse CNRS au laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET/OMP - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier, CNES, IRD)