« Les images du James Webb Space Telescope sont extraordinaires »

CNRS le journal Terre & Univers

Chercheur CNRS à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie1 et responsable d’un des programmes d’observation sur ce télescope, Olivier Berné commente à chaud les toutes premières images du télescope spatial James Webb (JWST), publiées aujourd'hui par les agences spatiales américaine (Nasa), européenne (ESA) et canadienne (ASC).

JWST
Avec cette image de la nébuleuse de la Carène, pépinière d’étoiles quatre fois plus grande et plus lumineuse que la nébuleuse d'Orion, le JWST promet de belles découvertes à l’équipe d’Olivier Berné.

© NASA, ESA, CSA, and STScI

Vous avez enfin pu voir les premières images du James Webb Space Telescope (JWST) lancé en décembre dernier. Qu’en pensez-vous ?

Olivier Berné. C’est très émouvant ! Ces images sont extraordinaires, avec une profondeur et une finesse des détails encore jamais obtenues avec les précédents observatoires terrestres et spatiaux, comme le Hubble. Les premiers résultats montrent une sensibilité remarquable, de l’ordre de 6 à 10 fois plus importante qu’auparavant. Cela permet soit d’observer, enfin, des objets très lointains comme des galaxies primordiales, soit de mieux voir des objets plus proches de nous mais très faiblement lumineux, comme des étoiles ou planètes en formation. D’autre part, il y a beaucoup plus d’informations dans ces images qui ont une résolution élevée grâce au miroir de 6,5 mètres de diamètre du James Webb. Concrètement, en termes de détails, c’est un peu comme passer d’un tableau impressionniste au style réaliste.

Le JWST observe dans le rayonnement visible mais principalement dans l’infrarouge. Pourquoi ?

O. B. L’infrarouge correspond à des longueurs d’onde plus grandes que celles qui forment le spectre visible. Observer dans l’infrarouge permet de remonter plus loin dans le passé de l’Univers et de regarder des galaxies qui se sont formées aux premiers âges de l’Univers.

En effet, comme l’Univers est en expansion, le signal lumineux de ces premières galaxies est fortement décalé vers le rouge et sort du spectre visible. Il faut donc aller chercher leur lumière dans l’infrarouge pour comprendre la nature des premières étoiles qui ont existé dans l’Univers et la manière dont elles se sont formées juste après le Big Bang, il y a environ 13,5 milliards d’années. 

Le champ profond de galaxies lointaines que l’on voit dans cette image illustre parfaitement cette capacité du JWST. Ces longueurs d’onde permettent aussi d’observer, par exemple, des étoiles ou planètes naissantes à travers les cocons de poussière et de gaz qui les entourent.

  • 1IRAP/OMP - CNRS / CNES / UT3 Paul Sabatier

Contact

Olivier Berné
Directeur de recherche CNRS à l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP/OMP - CNRS, CNES, UT3 Paul Sabatier)