Optimiser le trafic Internet : un premier outil d’exploration des chemins retours à l'échelle du net
La connaissance des chemins d’Internet permet aux opérateurs et aux scientifiques de mieux comprendre son fonctionnement et de résoudre différents problèmes. Avec ses collaborateurs, Kévin Vermeulen, chercheur CNRS au Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes1 , a conçu, mis en place et évalué la première solution ouverte capable d’explorer les chemins retours à grande échelle. Ces résultats ont été présentés lors de l’ACM SIGCOMM Internet Measurement Conference (IMC) le 25 octobre 2022.
Vous réalisez une recherche en ligne en tapant votre requête dans le navigateur web, persuadé que la réponse s’affichera automatiquement d’ici quelques secondes. Manque de chance : il est « impossible d’afficher la page ». Où se trouve le problème ? Probablement entre votre ordinateur et le serveur du service utilisé. En effet, votre requête et sa réponse transitent d’opérateur en opérateur à travers la toile. Connaître ces trajets permet justement de limiter les problèmes d’accès qui peuvent survenir n’importe où sur la route entre le client et le serveur. Jusqu’à présent, des outils comme Traceroute, répondent en partie à cette problématique. Néanmoins, ils permettent uniquement de voir les chemins aller, par exemple entre un serveur et un client. « Il est nécessaire de connaître les chemins inverses, car les trajets peuvent être asymétriques. Autrement dit, l’aller et le retour ne suivent pas le même itinéraire », explique Kévin Vermeulen.
- 1LAAS-CNRS
La seule étude s’étant attaqué à la représentation des trajets retours a été développée en 2010, mais elle reste au stade de prototype. C’est là qu’intervient Kévin Vermeulen, chercheur CNRS au LAAS-CNRS, spécialisé dans la construction de systèmes pour la mesure d’Internet, et ses collaborateurs américains. Ensemble, ils ont conçu, mis en œuvre et évalué le système Reverse Traceroute 2.0. Celui-ci augmente le débit, la précision et la couverture de la solution initiale permettant ainsi la première exploration des chemins inverses à l'échelle d’Internet. « Auparavant, les outils existants étaient capables de voir seulement 6 % des chemins retours. Avec Reverse Traceroute 2.0, on peut en voir 55 %, et nous avons multiplié le débit par 43, décrit le chercheur. Ces nouvelles performances nous permettent d’ouvrir à des utilisateurs externes notre système fonctionnant à l’échelle d’Internet ». Une page dédiée permet ainsi aux intéressés de tester les chemins retours vers leurs serveurs.