Un programme de mentorat pour les jeunes doctorantes
Depuis 2015, un programme national de mentorat imaginé par l’association Femmes & Sciences accompagne à Montpellier, Toulouse, Paris et plus récemment à Nice, plus de 300 doctorantes à l’aube de leur carrière. Cette initiative qui a su faire ses preuves se développe désormais au sein de nouvelles universités françaises et pourrait bientôt voir le jour au CNRS.
Si le mentorat pour les femmes est un principe d’accompagnement largement utilisé à l’étranger dans les autres pays européens (voir le réseau eument-net) et aux États-Unis, où la plupart des grandes universités proposent des programmes de mentorat —il était inexistant dans les universités françaises jusqu’en 2015.
« La majorité des jeunes doctorantes qui font appel au mentorat pensent qu’elles manquent de confiance en elles. D’autres cherchent à rencontrer d’autres femmes scientifiques et à réseauter faute de collègues sur leur lieu de travail. Il y a également des cas individuels - comme par exemple des mentorées qui manquent de soutien dans leur laboratoire et recherchent plus de soutien, ou des doctorantes qui recherchent des mentors du secteur privé pour se projeter dans l’entreprise », indique May Morris, biochimiste à l’Institut des Biomolécules Max Mousseron1 , membre de l’association Femmes & Sciences et membre du conseil d’administration de la Plateforme européenne des femmes scientifiques.
- 1CNRS/Université de Montpellier/Pôle Chimie Balard Recherche, Institut des Biomolécules Max Mousseron (IBMM)
A Toulouse, Julie Batut chercheuse CNRS à l'Unité de biologie moléculaire, cellulaire et du développement (MCD/CBI - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier) et responsable d’un programme de mentorat au Centre de biologie intégrative de Toulouse (CBI - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier) qu’elle a lancé en 2017, clarifie les motivations et les objectifs des mentorées et des mentors par un « Atelier Femmes & Sciences – CBI PhD programme » mené par Julie Foncy et proposé par le CNRS Occitanie Ouest. « Cet atelier dure une journée et instaure la relation entre mentors et mentorées. » Chaque binôme est basé sur « la confiance et la bienveillance » et « les instituts de recherche et les disciplines sont mélangés ». A l’issue de la journée, « les participantes ont clairement exprimé leurs besoins, et ils/elles connaissent leurs rôles et le cadre dans lequel va se dérouler le programme de mentorat ».
Le CNRS s’est rapproché de l’association Femmes & Sciences afin de mettre en place un programme de mentorat au sein de l’organisme. « Nous sommes actuellement en train de réfléchir à la mise en place d’un tel programme à l’attention de toutes les jeunes recrues du CNRS, » explique Martina Knoop, directrice de la Mission pour les initiatives transverses et l’interdisciplinarité et co-présidente de la Mission pour la place des femmes du CNRS. « C’est donc un programme à grande échelle qui nécessite de la préparation et qui se fera via les instituts pour bien s’adapter à toutes les disciplines. » Le CNRS s’appuiera sur Femmes & Sciences pour la mise en œuvre de ce programme, notamment pour la formation de mentors ou encore en s’appuyant sur la charte du programme national de mentorat Femmes & Sciences. Et à terme, le CNRS souhaite ouvrir le mentorat aussi bien aux chercheuses qu’aux chercheurs.
Références
When mentoring matters: a French mentoring program for women in science - Julie Batut, Marina Kvaskoff & May C. Morris - Nature Biotechnology - 10 juin 2021
DOI : https://doi.org/10.1038/s41587-021-00951-2