Micro-conférence | De l'Arctique à l'Afrique : un monde à préserver
Face aux défis environnementaux, des chercheuses innovent : traquer les micropolluants dans l’eau grâce à des capteurs ADN, surveiller la santé des bœufs musqués en Arctique et améliorer la qualité de l’air dans les villes africaines. Trois approches, une même mission : protéger les écosystèmes et les populations.
Un jeu de billes pour traquer les micropolluants dans l’eau par Laurence Salomé, biophysicienne
Les micropolluants sont des substances chimiques (organiques ou minérales) susceptibles d’avoir des effets toxiques à des concentrations infimes. Leur présence dans les eaux naturelles est due à l’activité humaine. Aussi l’augmentation de la population et le stress hydrique du au changement climatique en font un problème alarmant pour la qualité des eaux. L’Union Européenne a souligné le besoin de solutions innovantes pour opérer une surveillance performante.
Laurence Salomé travaille à la mise au point d’une méthode sensible, rapide et sobre basée sur un capteur de mobilité de billes liées à des ADN uniques conçu avec son équipe. Actuellement ciblé sur trois substances, le projet a pour ambition de déboucher sur une solution générique pour la détection d’un large éventail de contaminants.
Laurence Salomé est directrice de recherche CNRS à l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS - CNRS / UT3)
Écogéochimie dans un Arctique en mutation : bœufs musqués sous surveillance par Sophia V. Hansson, éco-géochimiste
L’Arctique change rapidement à cause du réchauffement climatique et des activités humaines. Ces changements affectent la disponibilité de certains éléments chimiques, comme les nutriments essentiels ou les contaminants, qui peuvent avoir un impact direct sur la santé des animaux qui y vivent. Parmi eux, les bœufs musqués, des animaux préhistoriques emblématiques, sont particulièrement menacés par ces transformations.
Dans ce cadre, les recherches de Sophia V. Hansson s'attachent à évaluer l'impact des « éléments trace » sur la santé des bœufs musqués (Ovibos moschatus), tant au niveau individuel qu'à l'échelle des populations. En parallèle, elle explore l’utilisation de la laine comme outil non invasif pour le suivi à long terme de la faune sauvage dans ces écosystèmes isolés. Cette approche novatrice pourrait transformer les pratiques de gestion de la faune, en particulier dans des régions difficiles d’accès telles que le Haut-Arctique.
Sophia V. Hansson est chargée de recherche CNRS au Centre de Recherche sur la Biodiversité et l'Environnement (CRBE - CNRS/UT3/INPT/IRD)
APIMAMA : un projet pour respirer mieux dans les villes africaines par Cathy Liousse
Dans les villes d’Afrique, la pollution de l’air, largement due à la combustion (cuisines, transports, industries), atteint des niveaux alarmants et risque d’aggraver les problèmes de santé avec l’urbanisation rapide. Cathy Liousse, coordonne le projet APIMAMA qui cherche à réduire ces risques. C’est un projet pluridisciplinaire qui rassemblent chercheurs et citoyens pour analyser les sources de pollution et tester des solutions adaptées. Les pratiques de cuisson, souvent gérées par des femmes, sont un point clé pour diminuer l’exposition aux particules fines. Le projet évalue aussi l’impact des innovations technologiques et des changements d’infrastructures sur la qualité de l’air. Enfin, il mise sur l’éducation et la sensibilisation, via des ateliers et les réseaux sociaux, pour engager toute la société.
Cathy Liousse est directrice de recherche CNRS au Laboratoire d'aérologie (LAERO - CNRS/UT3/IRD)