Les Trophées de la valorisation de la recherche 2020
La seconde édition des Trophées de la valorisation de la recherche organisée le mardi 8 décembre 2020 par Toulouse Tech Transfer (TTT) en partenariat avec l'Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées et avec le soutien de la Région Occitanie, a mis à l'honneur sept scientifiques remarquables d'Occitanie qui participent à la transformation et aux évolutions du monde socio-économique par le développement de procédés, services ou produits innovants ou bien encore par des coopérations entre laboratoires et partenaires industriels ou public.
Sur les 7 lauréat.es, cinq travaillent dans des laboratoires toulousains du CNRS et de ses partenaires :
Trophée "Collaboration en Occitanie" : Laurent Selle - IMFT
Laurent Selle, chargé de recherche CNRS à l'Institut de mécanique des fluides de Toulouse (IMFT - CNRS, Université Toulouse III- Paul Sabatier, Toulouse INP) a reçu le prix le Trophée de la Collaboration en Occitanie pour son projet de chauffage individuel a l’hydrogène.
Au niveau mondial, la production de chaleur consomme un peu plus de 50 de l’énergie primaire et presque les trois quarts de cette énergie est produite à partir de carburants fossiles La diminution des émissions de CO2 de ce secteur est donc un enjeu majeur et le projet entre l'IMFT et Bulane (Société implantée à côté de Montpellier) est focalisé sur la production de chaleur à usage domestique La solution envisagée est de remplacer progressivement le carburant des chaudières par de l’hydrogène vert, c’est à dire produit à partir de sources renouvelables.
Cette solution appartenant au paradigme général du Power to Gas est déclinée ici avec une production sur site d’hydrogène vert à l’aide d’un électrolyseur connecté directement à la chaudière et qui vient hybrider la combustion par de l’hydrogène.
Trophée "Impact social" : Simon Gascoin - CESBIO
Simon Gascoin, chargé de recherche CNRS au Centre d'études spatiales de la biosphère (CESBIO/OMP - CNRS, Université Toulouse III - Paul Sabatier, IRD, CNES) à reçu le Trophée Impact social pour le développement d’un outil pour surveiller l’enneigement par satellite avec une résolution inégalée.
Le manteau neigeux représente une facette méconnue du cycle hydrologique qui apporte pourtant de précieuses ressources en eau pour la production d’hydroélectricité et l’irrigation des cultures dans les vallées Dans certaines régions en France, en Espagne, au Maroc ou encore aux Etats Unis, la fonte de la neige saisonnière est même la source principale qui alimente les rivières au printemps et en été lorsque les précipitations sont rares De plus, la neige est un élément essentiel de l’économie touristique des régions de montagne dont dépend de nombreux emplois
Avec le programme Copernicus l’Union Européenne s’est doté d’une flotte de satellites capables d’observer la Terre sous toutes ses coutures. En particulier la mission optique Sentinel 2 photographie la surface des continents tous les cinq jours à haute résolution. Le CESBIO qui s’était préparé de longue date à l’arrivée de cette nouvelle technologie s’est donc naturellement retrouvé à la pointe dans l’exploitation de ces données dans différents domaines En particulier, Simon Gascoin hydrologue au CESBIO s’est rapidement lancé dans l’exploitation de ces séries d’images pour surveiller les fluctuations du manteau neigeux. Pour cela, il s’est inspiré d’un algorithme simple issu de la littérature scientifique mais qui présente l’avantage d’être robuste et performant. Un logiciel de traitement développé de façon entièrement open source en collaboration étroite avec le CNES a été testé pour la première fois sur les Pyrénées puis a été implémenté au sein de l’infrastructure Theia en 2017 où il sert à produire des cartes d’enneigement qui sont distribuées en routine sur l’ensemble des massifs français. Le produit neige Theia sans équivalent au niveau international, a servi de démonstrateur pour proposer un service similaire à plus grande échelle dans le cadre d’un appel d’offre de l’Agence européenne de l’environnement remporté par un consortium mené par l’entreprise toulousaine Magellium (budget 1 M€) Aujourd’hui les cartes d’enneigement Sentinel 2 à 20 m de résolution sont générées en temps quasi réel sur toute l’Europe grâce à cet outil et distribuées gratuitement pour tout utilisateur public ou privé. Ce premier projet a eu un effet de levier puisque Magellium a remporté dans la foulée un second appel d’offre 1 2 M€) pour exploiter les images de la mission radar Sentinel 1 afin de compléter le suivi réalisé avec Sentinel 2.
Cette « avalanche » de données a été mise en valeur régulièrement par Simon Gascoin à travers de nombreux articles à destination du grand public dans le blog Séries Temporelles du CESBIO, sur Twitter ou lors d’évènements de rencontre avec le public.
Trophée "Création d’entreprise" : Jean-Philippe Combier - LRSV
Jean-Philippe Combier, directeur de recherche CNRS au Laboratoire de recherche en sciences végétales (LRSV – CNRS, Université Toulouse III – Paul Sabatier) a reçu le Trophée Création d’entreprise pour la création de la start-up MicroPeP Technologies.
Jean-Philippe Combier et son équipe ont mis en évidence, dans des plantes, une caractéristique brisant un dogme scientifique. Ils ont, en effet, démontré que les microARNs jusqu’ici considérés comme non codant, codent en fait pour des micro peptides miPEP et que ces micro peptides possèdent la propriété de moduler l’expression du microARN dont ils sont issus. Les champs d’applications industrielles potentiels pour les miPeptides miPEP sont immenses TTT a investi dans plusieurs programmes de maturation technique afin de démontrer la preuve de concept de cette invention de rupture. Plusieurs brevets ont été déposé pour protéger l’étendue de l’invention
La startup MicroPeP Technologies dont l’activité est basée sur ces travaux développe aujourd’hui, des biostimulants et bio herbicides contenant des peptides naturels comme alternative aux pesticides chimiques. Elle a levé plus de 4 millions d’euros auprès de Sofinnova Partners et Irdi Soridec Gestion.
Jean-Philippe Combier est un chercheur très productif et créatif Ses travaux concernant les peptides ont été publiées dans Nature et il a reçu la médaille de bronze du CNRS Ses travaux apportent une innovation de rupture, graal très recherché par les structures de valorisation et les investisseurs. Jean-Philippe Combier a su trouver sa place lors de la transformation de l’essai en startup et c’est un bel exemple de réussite pour ses pairs.
Pour aller plus loin
La tribune du lauréat – Jean-Philippe Combier
Trophée "Partenariat remarquable" : Arnaud Arbouet et Florent Houdellier - CEMES
Arnaud Arbouet et Florent Houdellier, respectivement directeurs de recherche et ingénieur de recherche CNRS au Centre d’élaboration des matériaux et d’études structurales du CNRS (CEMES), ont reçu le Trophée Partenariat remarquable pour la création du premier laboratoire commun international entre le CEMES et la société japonaise Hitachi High Technologies (HHT) : HC IUMi (Hitachi CNRS Infrastructure for Ultrafast Microscopy).
Une équipe du CEMES a mis au point une source cohérente d’électrons ultra rapide unique au monde qu’ils ont pu tester avec succès sur une ancienne génération de microscope d’HHT (projet FemtoTEM). Ce prototype qui associe MET et laser ultra rapide est le premier MET ultra rapide cohérent. Il permet d’étudier des phénomènes physiques tels que la dynamique des champs électriques, magnétiques ou de contrainte au sein de nanomatériaux sur des durées de l’ordre de la femtoseconde tout en les observant à l’échelle sub nanométrique. Le laboratoire commun international HC IUMi vise au transfert de la source d’électrons cohérente pulsée du projet FemtoTEM sur un microscope de pointe fourni par HHT. Les équipes du CEMES bénéficieront d’un des instruments les plus performants au monde sur lequel développer leurs expériences menées actuellement sur un prototype et les ingénieurs japonais bénéficieront de l’expertise des chercheur.es français.es dans le domaine de la microscopie ultra rapide.
La réussite de ce projet de développement d'un microscope unique au monde a nécessité la combinaison de deux expertises complémentaires en microscopie électronique et en optique ultra rapide. La démonstration des performances de ce prototype a amené un des trois leaders mondiaux constructeur de MET, à créer ce laboratoire commun pour bénéficier à terme de la technologie développée au CEMES.
Christiane Soum-Favaro, enseignante-chercheuse UT2J au Laboratoire Octogone-Lordat a reçu le Trophée Transfert de technologies pour le projet ETAL, protocole permettant d’identifier rapidement les troubles acquis de la lecture chez des patient.es ayant subi une atteinte cérébrale.
Enfin, Nathalie Vergnolle, directrice de recherche Inserm à l’Institut de recherche en santé digéstive (IRSD), pionnière dans la valorisation des développements autour du microbiote, a reçu le Grand Prix Marthe Condat pour l’ensemble de sa carrière et son implication en valorisation.