Un lipide reprogramme les exosomes tumoraux pour stimuler l’immunité anti-tumorale

Résultats scientifiques Biologie

Les cellules cancéreuses sécrètent des petites vésicules, les exosomes, qui contribuent à inhiber les défenses immunitaires et favoriser le développement des tumeurs. Une étude réalisée par des scientifiques du Centre de recherche en cancérologie de Toulouse1 , parue dans la revue Autophagy, montre qu’un dérivé du cholestérol, la dendrogénine A (DDA), reprogramme les exosomes tumoraux pour qu’ils activent le système immunitaire et inhibent la croissance des tumeurs.

CRCT
Observation en microscopie électronique à transmission d'une cellule tumorale traitée avec la dendrogénine A. Un traitement des cellules tumorales avec la dendrogénine A (DDA), un dérivé du cholestérol, active une nouvelle voie de libération de petites vésicules de 30 à 150 nm, appelées exosomes, qui stimulent le système immunitaire contre la tumeur et bloquent la progression tumorale.

© Sandrine Silvente-Poirot

Les cellules normales libèrent de petites vésicules extracellulaires, appelées exosomes, qui jouent un rôle bénéfique dans la surveillance de l'intégrité des tissus et dans la réponse immunitaire. Cependant ces fonctions sont détournées dans diverses pathologies, dont les cancers. Ainsi, les cellules cancéreuses, qui ont perdu leur état normal, libèrent en continue des exosomes tumoraux qui contribuent à inhiber les défenses immunitaires et favorisent la progression des tumeurs et leur agressivité. Il y a donc un intérêt thérapeutique à réguler les fonctions des exosomes tumoraux.

Les scientifiques ont étudié l’effet d’un dérivé du cholestérol, la dendrogénine A (DDA), un anti-cancéreux produit dans le corps humain, qui reprogramme les cellules tumorales vers un état normal, dit différencié. Ils montrent que la DDA interagit avec le récepteur LXRβ pour reprogrammer les cellules tumorales et les exosomes tumoraux vers des fonctions normales, en activant une nouvelle voie de production des exosomes qui n’était pas connue à ce jour. Ces exosomes reprogrammés présentent un contenu modifié comparé aux exosomes tumoraux issus de cellules cancéreuses non traitées. Ils sont enrichis en une protéine connue pour intervenir dans l’autophagie des cellules appelée LC3-II, en protéines qui reflètent l’état normal des cellules (antigènes de différenciation) et en signaux qui stimulent le système immunitaire. De plus, ils activent les cellules du système immunitaire et inhibent la croissance des tumeurs.

Ces résultats ouvrent la possibilité d’une utilisation de la DDA en tant que biothérapie innovante pour contrer les effets néfastes des exosomes tumoraux.

  • 1CRCT - CNRS / Inserm / UT3 Paul Sabatier

Contact

Sandrine Silvente-Poirot
Directrice de recherche CNRS au Centre de recherche en cancérologie de Toulouse (CRCT - CNRS / Inserm / UT3 Paul Sabatier)