La nature et l’évolution de la surface de l’Afrique de l’Ouest décryptées grâce aux « terres rouges »
La surface des continents est une interface majeure de notre planète où se jouent les échanges entre l’atmosphère, l’hydrosphère et la biosphère appelée « zone critique ». Dans la ceinture tropicale, ces échanges se font notamment au travers des latérites1 . Les couvertures latéritiques forment le substrat des sols et des écosystèmes et contiennent d’importantes ressources en eau et en métaux, avec des implications directes pour l’agriculture, l’économie, ainsi que la gestion et la conservation des milieux naturels. L’excavation et l’exploitation des latérites sont donc source de contaminations environnementales. Enfin, les générations successives de latérites constituent des archives des changements globaux qui ont façonné la surface des continents au cours du temps. Une nouvelle cartographie par photo-interprétation des formes du relief et des sols, publiée par une équipe du laboratoire Géosciences environnement Toulouse (GET/OMP) 2 , permet d’intégrer la diversité et l’histoire des couvertures latéritiques de l’Afrique du Nord-ouest, qui est un cas de référence pour la surface des continents dans la ceinture tropicale.
Elle révèle un immense patchwork de latérites de nature et d’âge différents. Près de 50 % de la surface régionale conserve des latérites formées au cours des temps géologiques lors de deux périodes à effet de serre particulièrement chaudes et humides entre 70 et 25 millions d’années, puis lors de deux épisodes modérément humides entre 18 et 6 millions d’années. Les couvertures latéritiques plus jeunes se répartissent en bandes latitudinales qui attestent de l’établissement, après 6 millions d’années, du gradient climatique moderne observé à travers le continent entre le désert saharien et la forêt équatoriale. [...]